Origines de cette crue
La crue en cours sur la Saône fait suite à plusieurs épisodes pluvieux d’origine océanique qui se sont succédés depuis mi-janvier sur le bassin et ont notamment arrosé les reliefs du Jura et des Vosges. Trois épisodes successifs les 12, 22 et 28 janvier, ont cumulé entre 100 et 250 mm sur les reliefs (92 mm à Dole, 137 mm à Besançon, 189 mm à Belfort, 234mm à Pontarlier) et se sont accompagnés d’un redoux qui a fait fondre une partie de l’épais manteau neigeux (jusqu’à 1m50) tombé les semaines précédentes notamment sur le Jura (+8°C).
Les couches superficielles des sols sont particulièrement saturées depuis décembre, comme en témoigne l’indice d’humidité des sols, saturé au maximum au 1° février selon Météo France. Notons au passage que le niveau des nappes profondes est peu affecté par cet excès ponctuel, qui ne compense pas plusieurs années de déficit hydrique comme le précisait Erwan Le Barbu (Chef du service hydrométrie de la DREAL BFC sur le secteur ex-Franche-Comté).
Bassin versant et dynamique des crues
Le bassin versant de la Saône est vaste (30 000 km², 9 départements) et le temps mis par une goutte de pluie tombée dans les Vosges pour venir jusqu’à Lyon dépasse 1 semaine. Les rivières prenant leur source dans les terrains karstiques du Jura (Loue, Doubs, Ognon…) répondent plus rapidement que la Saône. Le pic du Doubs précède ainsi souvent celui de la Saône de 1 à 2 jours à la confluence.
C’est le cas aujourd’hui avec une onde de crue du Doubs qui est arrivée à la confluence à Verdun-sur-Doubs alors que la Saône continue de monter en Côte d’Or.
A partir de la confluence avec le Doubs, la Saône se répand dans une plaine extrêmement plane et large (fond de l’ancien Lac Bressan il y a 30 millions d’années), qui présente une pente très faible : parfois de moins de 5 cm par kilomètre. Les débordements dans cette plaine représentent une superficie de plus de 40 000 ha et un volume de plusieurs centaines de millions de mètres cube, soit les caractéristiques d’un lac tel que celui du Bourget. Plus de 18 000 ha de ce champ d’expansion naturel sont cependant protégés par des digues agricoles datant pour la plupart du XIXème siècle : si les vannes sont bien ouvertes (comme la réglementation le prévoyait lors de leur création, pour les crues hivernales), la crue est écrêtée / ralentie et son importance diminue d’amont en aval.
Pour l’instant, si de nouvelles précipitations ne viennent pas modifier la propagation de la crue, le maximum devrait être atteint à Chalon jeudi matin et se propager ensuite vers l’aval.
Pour toute information sur les prévisions :
www.vigicrues.gouv.fr
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par tronçon (fiches PDF)
Comparaison avec des crues plus anciennes
La gravité de la crue actuelle peut être qualifiée par sa fréquence ou « période de retour » (probabilité qu’elle présente, chaque année, de se produire), associée à son débit (les hauteurs aux échelles ne sont pas comparables d’une ville à l’autre car elles dépendent de la configuration locale de la rivière, étroite ou large et du niveau d’implantation de l’échelle). Sur les tronçons où le maximum a déjà été atteint, la crue actuelle présente une période de retour entre 2 et 5 ans, ce qui est relativement faible.
En effet, son débit de pointe devrait atteindre 1800 ou 1900 m3/s à Chalon-sur-Saône, contre :
- 2 200 m3/s en janvier 2018 (crue presque décennale, 1 chance sur 10)
- 2 600 m3/s en mars 2001 (crue vingtenale)
- environ 2 900 m3/s pour les crues des années 1983 et 1955 (crue plus que cinquantenale)
- plus de 3 200 m3/s pour la crue de 1840, qui reste la référence (crue plus que centenale).
L’EPTB produira en fin d’épisode, semaine prochaine, un bilan chiffré et illustré de cette crue, en termes de superficies inondées et de dégâts.
L’EPTB Saône et Doubs est un syndicat de collectivités qui exerce des missions de conseil, d’expertise et de travaux, dans les domaines de la gestion des cours d’eau et des milieux aquatiques, sur le bassin de la Saône et du Doubs.
Dans le cadre de ses missions, l’EPTB anime
l’Observatoire du Risque Inondation de la sécheresse et du Karst
en Bourgogne Franche Comté (ORISK).
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de la Saône…