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étude des remblais sur l’axe saône aval

Dans le cadre du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) de la Saône et de la Cote Viticole lancé en 2022, l’EPTB a réalisé en 2023 le recensement des remblais présents dans la zone inondable de la Saône aval, entre la confluence avec le Doubs et l’entrée dans l’agglomération lyonnaise.

Le champ d’expansion des crues de la Saône dans la basse vallée, étudié depuis plusieurs dizaines d’années, représente une superficie de plusieurs centaines de km² et un volume de plusieurs centaines de millions de m3, qui joue un rôle important et reconnu dans l’atténuation du pic des crues.

Par exemple, la crue de mars 2001 est seulement passée de 2 500 m3/s à Chalon-sur-Saône à 2 600 m3/s à Couzon, malgré les très nombreux apports d’affluent intermédiaires (Grosne, Seille, Azergues, Veyle, rivières du beaujolais…). La préservation de ce volume est un enjeu majeur pour la prévention du risque inondation.

Avant la mise en place de la réglementation permettant de préserver cet espace à partir des années 1990-2000 (Loi sur l’Eau, PPRi, SDAGE) de nombreux remblais ont été réalisés (infrastructures, zones industrielles ou commerciales, dépôts de déblais…). Compte tenu des nouvelles techniques et informations disponibles, il a semblé utile d’effectuer le recensement de ces remblais afin d’en apprécier l’ordre de grandeur, la répartition, et d’identifier d’éventuelles zones pouvant donner lieu à une restauration de ce champ d’expansion, par suppression des remblais inutilisés.

méthodologie

Depuis 2015, la topographie de la vallée est connue avec précision grâce à un levé altimétrique obtenu par LIDAR (réalisé par l’IGN et mis à disposition par la DREAL). Cette technologie (laser aéroporté) permet de disposer d’un semi de point dense (1/m²) et d’une grande précision altimétrique (+/-10cm).

L’étude, réalise en régie, a donc consisté au recensement de toutes les zones de remblai se détachant sur le LIDAR. S’agissant d’un exercice encore jamais réalisé dans une vallée alluviale en France, une méthodologie semiautomatique a été développée, afin d’identifier ces zones, puis de calculer leur volume (re-calcul de l’altimétrie du terrain naturel situé sous le remblai, d’après l’altimétrie des terrains alentours).

Seuls les remblais supérieurs à une superficie minimale de 400m², et une hauteur de 0,5m, ont été retenus, en cohérence avec les seuils réglementaires en vigueur.

Etude remblais

résultats

Sur les 146 km de vallée étudiés, l’étude a dénombré 877 remblais, représentant une surface de 2 975 ha, avec une répartition hétérogène (principalement autour des agglomérations de Chalon-sur-Saône, Mâcon et Villefranche-sur-Saône).
Localement, et en proportion du champ d’expansion naturel, cela peut représenter
jusqu’à 70% de cet espace (Villefranche-sur-Saône).

Le volume total remblayé est d’environ 67 millions de m3, soit environ 5 à 7% du champ d’expansion, quel que soit le type de crues (des plus fréquentes aux plus rares).

La datation de la plupart de ces remblais (97%) a été réalisée grâce aux cartes, cadastres anciens et photos aériennes.

Enfin, ces remblais ont été catégorisés selon leur origine et utilisation actuelle. Les plus grands volumes remblayés sont les zones industrielles (16 millions de m3), les voies de communications principales (autoroute et voie ferrée), les zones commerciales (5 millions de m3 ), les digues et les zones habitées.

Environ 7 millions de m3 de remblais sont aujourd’hui inutilisés (dépôts de matériaux divers, ou de décapage de gravières). Dans cette dernière catégorie ont été identifiées 28 zones particulièrement intéressantes pour étudier une opération de déblaiement (volumes, localisation). Des fiches descriptives ont été réalisées (identification du parcellaire concerné, documents d’urbanisme, projets…) donnant lieu à des visites de terrain et rencontres avec les collectivités.

On observe l’impact des grands travaux d’infrastructure au XIXème siècle (écluses, chemin de fer), puis un pic entre les années 1960 à 1980 (46% des remblais totaux) correspondant au Plan National d’Aménagement du Territoire de 1950, axé autour de la relance économique des villes moyennes (grandes zones industrielles et commerciales, autoroute A6…).

Depuis la réglementation des années 1990-2000, les remblais sont en fort ralentissement (quelques dépôts de gravières et infrastructures, généralement compensés en volume).

Financement : Etat, EPTB Saône Doubs